20 Juillet 2021
Les vacances ne deviendront bientôt plus pour beaucoup d'entre nous qu'un déjà lointain souvenir et nous serons encore nombreux à sacrifier à la tradition d'envoyer une carte postale de nos lieux de villégiature pour rendre jaloux ceux qui, écoutant les quelques extrémistes oiseaux de mauvaise augure qui souhaiteraient faire abstraction des lois républicaines de notre pays par leur propos outranciers, n'ont pas voulu se faire vacciner suffisamment tôt, et encore plus ceux qui n'ont pas su ou pu partir dans les faibles créneaux dorénavant à notre disposition. Nos nouvelles vies calées entre deux confinements résument à elles seules l'histoire de la carte postale. Car, malgré les nouvelles technologies, si la carte postale garde quelques anciens adeptes, elle peut de plus en plus en souvent compter sur de nombreux nouveaux convertis qui en ont ras la casquette d'un monde virtuel imposé par une minorité dictatoriale qui n'existe temporairement que par le bruissement médiatique des quelques dizaines d'affidés qu'elle aura su convaincre.
En 1865 un nommé Von Stephan lance l’idée, mais c’est seulement en 1869 que la carte postale va s’imposer en Autriche. Dans d’autres pays comme la France ou l’Angleterre, les gens n’apprécient pas la carte postale en raison de son manque de confidentialité. La guerre de 1870 va lui donner une autre dimension. Historiquement en effet, la première carte postale française émise lors du siège de la ville de Strasbourg date du 14 septembre 1870. Acheminées en Montgolfière dans des conditions parfois rocambolesques, les cartes postales seront l’un des moyens privilégiés de donner des nouvelles des assiégés à l’extérieur durant la commune de paris.
Dès 1872, elle est officialisée en France mais n’est pas encore illustrée. Les premières cartes postales se présentent en effet sous la forme d’un rectangle cartonné avec l’adresse du destinataire au recto et le texte au verso (il est alors interdit d’écrire du côté de l’adresse). Le succès est rapide, si bien qu’à partir de 1875, les cartes postales vont commencer à servir de support publicitaire.
La première carte postale illustrée sans publicité voit également le jour rapidement, et en 1891 un marseillais à l’idée originale de placer des vues de sa région sur ce support.
Les cartes postales photographiques à thème vont dorénavant peu à peu envahir le marché représentant souvent les grands événements de l’époque (affaire Dreyfus, visite du tsar, colonies..). Mais l’exposition universelle à Paris en 1900 sera le véritable déclencheur de la mode des cartes postales avec les différentes vues de l’exposition qui vont faire exploser les ventes et susciter l’engouement du grand public.
En 1904, il devient possible d’écrire sur le verso près de l’adresse et les illustrations au recto vont s’agrandir, elles seront le témoignage de la vie quotidienne de l’époque et souvent l'occasion d'envoyer aux proches une photo de la famille. Les collectionneurs commencent alors à s’arracher les cartes postales qui vont connaître leur âge d’or.
En 1914, 800 millions de cartes postales sont produites. Ensuite, peu à peu, la cote de la carte postale va faiblir jusqu’à son renouveau grâce à l’avènement des congés payés en 1936.
Les développements des appareils photo amateurs, des télécommunications comme le téléphone et maintenant Internet vont peu à peu supplanter la carte postale. Le nombre de cartes postales envoyées ces dix dernières années a chuté de plus de75%.
Les cartes postales les plus recherchées des collectionneurs et des amateurs demeurent celles éditées avant la première guerre, notamment pour leur qualité et leur valeur documentaire historique qui nous offre de fabuleux témoignages sur la vie quotidienne de l’époque. A tel point que certains n’hésitent pas à rééditer les clichés du début du siècle.
Le saviez-vous ?
La tour Eiffel est le monument le plus représenté sur les cartes postales avec environ 5 milliards d’exemplaires.
Les collectionneurs de cartes postales se nomment les cartophiles.
Et comme disait Pierre Daninos :
Cartes postales : Représentation idéale des lieux destinée à impressionner le destinataire en faisant mentir l'expéditeur.