18 Janvier 2016
Depuis quelques temps, être barbu en France n'est plus aussi tendance et suffit parfois pour être taxé de terroriste en puissance par quelques suspicieux (con)citoyens zélés, surtout si l'on ne possède pas le type caucasien. Devra t-on dans un avenir proche tous devenir glabres et montrer peau lisse plutôt que patte blanche?
Pierre le Grand, empereur de toutes les Russies, avait trouvé la solution pour limiter le port de cet attribut chez ses sujets: la taxe sur les barbus. Aussi insolite que cette contribution paraisse, elle est pourtant une vérité historique.
Le 5 septembre 1698, en Russie, Le tsar Pierre le Grand met en place une taxe sur les barbus.
Pierre le Grand a voyagé à travers toute l’Europe occidentale. A son retour, il a des idées de grandeur, il entend moderniser l’image de la Russie, occidentaliser l’ensemble de son empire. Pour financer les grands travaux à mettre en œuvre, il prend une série de mesures et lève de nouvelles taxes, dont celle sur les barbes.
Sa fréquentation des différents monarques d’Europe lui laisse penser que l’ancienne tradition séculaire russe du port de la barbe est l’un des signes visibles de l’immobilisme du pays
Il commence par interdire formellement le port de la barbe dans tout le pays. A chaque porte de Moscou par exemple, des barbiers professionnels rasent les arrivants en ville. Le tsar lui-même, arborant seulement une fine moustache, rase personnellement quelques récalcitrants pour l’exemple.
Mais les hommes d'Eglise jugent que "Se raser la barbe n'est pas seulement une horreur et un déshonneur, mais également un péché mortel! Jésus et les siens étaient tous barbus!», tandis que les gens du peuple demeurent persuadés qu'ainsi ils sont de vrais mâles et de vrais chrétiens.
C’est ainsi que devant l’impopularité de cette loi, le tsar décide d’autoriser le port de la barbe pour les membres du clergé. Pour les autres, un impôt sur les barbes est prélevé en fonction de la classe sociale.
Voici le barème de cette taxe :
100 roubles pour les nobles et les hauts fonctionnaires
60 roubles pour les courtisans et commerçants
30 roubles pour laquais et cochers
1/2 kopeck à l'entrée et à la sortie de chaque ville pour les paysans.
Un jeton en bronze, parfois en or pour les plus riches, sur lequel figure une barbe et portant l’inscription « taxe perçue » est donné en échange comme quittance pour justifier le paiement et le port de la barbe. Le jeton doit être renouvelé chaque année et sa valeur va croissant. Devant la dépense, beaucoup finissent par abdiquer et se raser pour échapper à cette charge de plus en plus lourde.
Un article, qui espérons-le, ne fut pas trop barbant.