17 Décembre 2023
Durant cette période de l’année,des héros barbus couverts de rouge
(mais majoritairement plutôt couverts de sueur lorsqu’ils ont le malheur d’être obligés de travailler pour M. Jef et Cie afin de subsister) trustent l’actualité et parcourent le monde à la vitesse de la lumière pour livrer le résultat de nos achats compulsifs censés nous faire oublier un avenir sombre derrière une fuite en avant avant aveugle toujours plus consumériste. Pendant que des anachronismes audiovisuels comme la retransmission de l’élection de Miss France semblent encore passionner quelques rétrogrades réactionnaires qui attendent sans doute docilement leur placement imminent en EPHAD pour mieux regretter leurs folles soirées d’avant et leurs innombrables activités d'antan, nos petits lutins esclaves des temps modernes se démènent pour livrer à temps chacune des petites folies de Noël dans leurs diesels encrassés. Je ne puis attendre la Journée internationale de la femme du 8 mars prochain pour parler d’une femme sans doute hors du commun qui n’a jamais voulu se renier malgré des offres commerciales alléchantes de la part du bien nommé Barnum qui exposait sans vergogne « ses monstres de foire » sur tous les continents.
Si depuis des temps immémoriaux, les représentants de la si machiste gent masculine portugaise se laissent pousser la moustache pour ressembler autant que possible à leur maman,l’héroïne ci-dessous a su braver les tabous de son époque et surpasser les complications d’une hypertrichose (pilosité envahissante) pour en faire un atout durant sa vie entière.
J’ai donc décidé de vous présenter dès aujourd’hui une courte biographie agrémentée de quelques clichés de celle qui fut la plus célèbre femme à barbe de l’histoire : Clémentine Delait (1865-1939).
Dotée d’un système pileux excessivement développé, l’ardente DELAIT se laisse pousser la barbe à la suite d’un pari et décide de la conserver. Ce qui lui confère une certaine notoriété. À la fois dans les Vosges où elle tient un café (café de la femme à barbe, le bien nommé) et alentours grâce à la vente de cartes postales sur lesquelles elle figure en tenue masculine.
Il est à noter qu’à cette époque, le port de la tenue masculine pour les femmes était interdit et qu’elle a bénéficié d’une dérogation.
En 1928, à la mort de son mari devenu vraiment trop rasoir, elle se lance dans une série de tournées à travers le monde. Les plus incrédules ont beau hurler, elle est bidon DELAIT, la femme à barbe fait la une des journaux et devient célèbre.
Elle décède en avril 1939 dans son village à Thaon dans les Vosges.
Pile poil un cheveu avant la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Pour ne pas prendre le risque d’être tondue à la libération ?
Poils au Menton
Le saviez-vous ?
En France, la loi du 26 brumaire an IX interdisant le port du pantalon aux femmes n’a jamais été abrogée. Toutefois, elle est devenue implicitement caduque comme le soulignait la ministre des droits de la femme en 2013 dans sa réponse ci-dessous.
Abrogation de l’interdiction du port du pantalon pour les femmes
14e législature
Question écrite n° 00692 de M. Alain Houpert (Côte-d’Or - UMP)
Publiée dans le JO Sénat du 12 juillet 2012 - page 1534
M. Alain Houpert attire l’attention de Mme la ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement, sur les dispositions, toujours en vigueur, de la loi du 17 novembre 1800 interdisant aux femmes de porter le pantalon. En effet, cette loi - la loi du 26 brumaire an IX - précise que « Toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation ». Cette interdiction a été partiellement levée par deux circulaires de 1892 et 1909 autorisant le port féminin du pantalon « si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ». Si elles ne sont plus appliquées aujourd’hui, leur portée symbolique peut heurter nos sensibilités modernes, c’est pourquoi il lui demande si elle envisage de les abroger.
Réponse du Ministère des droits des femmes
Publiée dans le JO Sénat du 31/01/2013 - page 339
La loi du 7 novembre 1800 évoquée dans la question est l’ordonnance du préfet de police Dubois n° 22 du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800), intitulée « Ordonnance concernant le travestissement des femmes ». Pour mémoire, cette ordonnance visait avant tout à limiter l’accès des femmes à certaines fonctions ou métiers en les empêchant de se parer à l’image des hommes. Cette ordonnance est incompatible avec les principes d’égalité entre les femmes et les hommes qui sont inscrits dans la Constitution et les engagements européens de la France, notamment le Préambule de la Constitution de 1946, l’article 1er de la Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme. De cette incompatibilité découle l’abrogation implicite de l’ordonnance du 7 novembre qui est donc dépourvue de tout effet juridique et ne constitue qu’une pièce d’archives conservée comme telle par la Préfecture de police de Paris.